On parle de "Lui"

mercredi 30 juin 2010

« Une exposition qui dit pourquoi les dessinateurs se mettent en danger », voilà comment Plantu présente « Dessins de presse à la Une », l’évènement conçu par et pour l’espace culturel de Rennes, Les Champs Libres. Un regroupement des œuvres d’une cinquantaine de dessinateurs de presse venus des quatre coins du monde.
Le syndrome de la main qui tremble, ils l’ont tous plus ou moins connu, mais à différentes échelles. Dessinateurs de presse à Paris, à Istanbul ou à Alger, ils doivent chaque jour reconquérir le territoire qu’est celui de la liberté. « Laisse penser ton crayon », est un des différents  thèmes proposés par l’exposition « Dessins à la Une ». La politique de l’autocensure et du politiquement correct serait donc l’ennemi numéro un du dessinateur de presse.
Plantu raconte : « Moi je suis français, je ne risque rien même si Sarko n’apprécie pas. Lui par contre il est plus souvent au palais de justice d’Alger que devant sa table à dessins. Moi je ne risque pas ma vie, alors que lui des barbus veulent sa peau». Lui, c’est Ali Dilem, un dessinateur de presse algérien.  Il a à son actif  une cinquantaine de procès en diffamation intentés par les autorités et neuf années de prison.  « Il vaut mieux que je ne prenne pas conscience des dangers que je coure pour un dessin de presse en Algérie », confie Ali Dilem. Mais il est de ceux qui combattent l’idée selon laquelle il y aurait une liberté « à la française » et une autre « à l’algérienne ».  « Si tes idées dérangent l’islamisme, il faut continuer. Car ce n’est pas toi qui es en tord, c’est eux », déclare-t-il.  
« Je ne dois pas »
Dédramatiser. Khalid Gueddar semble y arriver à merveille. Le 30 décembre 2009, le dessinateur de presse marocain et Taoufik Bouachrine, le directeur du quotidien indépendant Akhbar Al Youm , sont condamnés à quatre ans de prison avec sursis pour « outrage au drapeau national » et « manquement au respect dû à la famille royale ». Leur crime : avoir publié une caricature faisait allusion à la célébration du mariage du prince Moulay Ismaïl, cousin du Roi Mohammed VI, avec Anissa Lehmkuhl, une ressortissante allemande. Khalid Gueddar lui considère ça « normal dans un pays qui ne respecte pas la liberté de la presse ». Pour anecdote, il raconte : « Au procès, on m’a dit d’arrêter de dessiner sur le roi du Maroc. La première chose que j’ai faite à mon retour a été de le dessiner ».
 « Je ne dois pas dessiner Mahomet, je ne dois pas dessiner Mahomet, je ne dois pas dessiner Mahomet, je ne dois pas… » Rappelez-vous c’était en septembre 2005, Plantu publiait ce dessin à la Une du Monde après l’affaire des caricatures de Mahomet. Pour Michel Kichka, le dessinateur de presse israélien,  il est clair qu’il y aura un avant et un après l’affaire des caricatures de Mahomet. Il explique : « Ca a surpris tous les dessinateurs et ça a changé le métier de tout le monde. On ne peut pas dessiner si on a la main qui tremble, même quand on critique une religion ». La religion serait donc un sujet plus sensible que d’autres? « Pas la religion mais les religieux. Ce sont les religieux qui sont très sensibles et qui se crispent dès qu’il s’agit de les caricaturer », nuance Michel Kichka.
Pour réagir donc à l’interdit contre les dessinateurs danois, Plantu se joint à Kofi Annan et tous deux créent en 2006 Cartooning for Peace. « Nous avons voulu réfléchir sur le sens éditorial de nos images afin d’essayer de continuer à être impertinents avec les dirigeants, qu’ils soient des politiques ou des fondamentalistes des trois religions, sans pour autant être humiliants », explique Plantu. Et d’ajouter : « Mais coincer ça fait partie du béaba du métier de dessinateur de presse ».   Mais à l’heure où dans la presse « se mouiller » n’est pas de mise, certains en paieront encore surement le prix. D’ailleurs, ils n’ont qu’un nom sur les lèvres, « Stéphane Guillon ». Et comme le dit Plantu : « Je préfère vivre à Paris qu’à Téhéran, mais quand même, il y a beaucoup de choses à balayer devant nos portes ». A méditer.
« Dessins à la Une », du 29 juin 2010 au 9 janvier 2011, au Champs Libres à Rennes
Renseignements sur www.leschampslibres.fr ou au 02 23 40 66 00.
Charline Delafontaine

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