11 SEPTEMBRE, 10 ANS APRES
Ali Dilem : l'humour pour faire sauter les tabous
08-09-2011
Marie Baget - publié le 08/09/2011
« Je ne suis qu’un dessinateur. » Lorsqu’on l’interroge sur les conséquences positives de son travail dans le dialogue des cultures et la promotion de la paix, Ali Dilem fait preuve d’une humilité déconcertante. « Quand j’ai commencé à dessiner dans l’Algérie du début des années 1980, j’avais seulement conscience de l’immense opportunité que j’avais de pouvoir m’exprimer. Je n’avais pas d’autres ambitions. » C’est plus tard que ce caricaturiste algérien de 44 ans s’est rendu compte que le dessin pouvait être une arme redoutable, un langage universel dans un pays en grande partie analphabète.
Aujourd’hui, Dilem travaille pour le quotidien algérien Liberté et pour la chaîne francophone TV5 Monde. En 2006, il s’engage dans la fondation Cartooning for Peace (Dessins pour la paix) créée à l’initiative de Plantu (dessinateur au Monde) et de l’Onu, après l’affaire des caricatures de Mahomet. Depuis 22 ans, il croque sans relâche les généraux algériens, se moque du président Bouteflika et chahute les religieux. « Mon objectif était d’abord de démystifier nos dirigeants. Après, je me suis attaqué aux sujets tabous comme le sexe ou la place des femmes. » Mais ses coups de crayon irrévérencieux déplaisent aux autorités et lui ont valu amendes, procès en diffamation et neuf années de prison.
Découragé ? Certainement pas. Dilem continue malgré les menaces et ne lâche rien. « Chaque dessin doit être un pas vers l’avant. Il faut régulièrement revenir sur un tabou pour le banaliser et qu’il n’en soit plus un. La liberté s’entretient. Elle ne dépend pas seulement de celui qui peut vous l’ôter. » Au moment des attentats du World Trade Center, le caricaturiste a déjà une bonne pratique dans le traitement des sujets sensibles. « Mon approche a été la même : traduire la gravité de l’événement sans y aller avec le dos de la cuillère. » Et l’humour ? « C’est un cheval de Troie ! assure Dilem. Une idée s’installe plus facilement dans les esprits lorsqu’elle est exprimée avec humour et finesse. » Concernant le conflit israélo-palestinien, il dénonce le terrorisme du Hamas, au risque d’être insulté. « C’est tellement facile de faire un dessin antisémite dans un pays arabe. Je préfère dépasser les visions binaires. » Et de conclure : « Je fais mon boulot, c’est tout. »
L’exposition Cartooning for Peace (Dessins pour la paix) exposition sur l’attentat du World Trade Center et les dix ans qui ont suivi au Théâtre de la Ville du 10 au 30 septembre.
Plus d’infos sur lavie.fr
http://www.lavie.fr/hebdo/2011/3445/ali-dilem-l-humour-pour-faire-sauter-les-tabous-07-09-2011-19749_247.php
Ali Dilem : l'humour pour faire sauter les tabous
08-09-2011
Marie Baget - publié le 08/09/2011
« Je ne suis qu’un dessinateur. » Lorsqu’on l’interroge sur les conséquences positives de son travail dans le dialogue des cultures et la promotion de la paix, Ali Dilem fait preuve d’une humilité déconcertante. « Quand j’ai commencé à dessiner dans l’Algérie du début des années 1980, j’avais seulement conscience de l’immense opportunité que j’avais de pouvoir m’exprimer. Je n’avais pas d’autres ambitions. » C’est plus tard que ce caricaturiste algérien de 44 ans s’est rendu compte que le dessin pouvait être une arme redoutable, un langage universel dans un pays en grande partie analphabète.
Aujourd’hui, Dilem travaille pour le quotidien algérien Liberté et pour la chaîne francophone TV5 Monde. En 2006, il s’engage dans la fondation Cartooning for Peace (Dessins pour la paix) créée à l’initiative de Plantu (dessinateur au Monde) et de l’Onu, après l’affaire des caricatures de Mahomet. Depuis 22 ans, il croque sans relâche les généraux algériens, se moque du président Bouteflika et chahute les religieux. « Mon objectif était d’abord de démystifier nos dirigeants. Après, je me suis attaqué aux sujets tabous comme le sexe ou la place des femmes. » Mais ses coups de crayon irrévérencieux déplaisent aux autorités et lui ont valu amendes, procès en diffamation et neuf années de prison.
Découragé ? Certainement pas. Dilem continue malgré les menaces et ne lâche rien. « Chaque dessin doit être un pas vers l’avant. Il faut régulièrement revenir sur un tabou pour le banaliser et qu’il n’en soit plus un. La liberté s’entretient. Elle ne dépend pas seulement de celui qui peut vous l’ôter. » Au moment des attentats du World Trade Center, le caricaturiste a déjà une bonne pratique dans le traitement des sujets sensibles. « Mon approche a été la même : traduire la gravité de l’événement sans y aller avec le dos de la cuillère. » Et l’humour ? « C’est un cheval de Troie ! assure Dilem. Une idée s’installe plus facilement dans les esprits lorsqu’elle est exprimée avec humour et finesse. » Concernant le conflit israélo-palestinien, il dénonce le terrorisme du Hamas, au risque d’être insulté. « C’est tellement facile de faire un dessin antisémite dans un pays arabe. Je préfère dépasser les visions binaires. » Et de conclure : « Je fais mon boulot, c’est tout. »
L’exposition Cartooning for Peace (Dessins pour la paix) exposition sur l’attentat du World Trade Center et les dix ans qui ont suivi au Théâtre de la Ville du 10 au 30 septembre.
Plus d’infos sur lavie.fr
http://www.lavie.fr/hebdo/2011/3445/ali-dilem-l-humour-pour-faire-sauter-les-tabous-07-09-2011-19749_247.php
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